PAROISSE SAINT ANTOINE DE PADOUE

PAROISSE SAINT ANTOINE DE PADOUE

                                                        UN COUPLE SAINT


Personne n'avait remarqué qu'ils étaient saints… Notez que c'était la même chose pour leur fille: au moment des
obsèques de Sainte Thérèse de l'Enfant Jésus, seuls quelques fidèles étaient présents à Lisieux, et pourtant, deux
années plus tard, son rayonnement était si grand dans le monde qu'elle était déjà canonisée, puis patronne des
missions, puis patronne secondaire de la France, puis docteur de l' Eglise. Personne n'avait remarqué que Louis et
Zélie Martin, horloger et brodeuse de dentelle, étaient un couple saint… Tout juste aurait-on dit que c'étaient "des
pratiquants", comme en témoigne une de leurs voisines qui entendait leur porte d'entrée claquer avant l'aube
lorsqu'ils se rendaient à la messe chaque matin. Est-ce à dire que la sainteté s'apprend à l'école de l'eucharistie
régulière ? – Très certainement. Mais est-ce étonnant ? –Non: à chaque messe, Dieu trois fois Saint se donne, se
communique, se livre… Pas étonnant que Sa Sainteté irradie dans une âme qui le reçoit avec fruit. La profondeur
et la fidélité de la relation à Dieu de Louis et Zélie fait aujourd'hui tout leur rayonnement, même s'il est resté caché
aux yeux de leurs contemporains.
Louis et Zélie est un couple qui avait mis Dieu au centre, pensant au départ que le meilleur moyen de Le servir était
d'embrasser une vocation religieuse. Mais l'incapacité à faire entrer le latin pour Louis, et le discernement perspicace
de la supérieure des Filles de la Charité pour Zélie ont été les instruments concrets utilisés par la Providence pour les
persuader qu'on peut le mettre tout autant au centre dans une vie de couple, une vie de famille.
Unis par un sacrement de mariage tout simple et sans fioretti: puisqu'il s'est fait dans la nuit, en présence seulement
des témoins, loin de tous les froufrous qu'on veut mettre aujourd'hui, en plaçant dans le futile l'idée du "plus beau
jour de notre vie". Louis et Zélie n'ont compté que sur la grâce qui leur a été faite ce jour-là, et ensuite, ils sont allés
de l'avant !
Vite, des enfants sont arrivés. "Moi, s'exclame Zélie, j'aime les enfants à la folie, j'étais née pour en avoir". Ils se
donnent à leurs enfants, sans compter: "c'est un travail si doux de s'occuper de ses petits enfants !", "nous ne
vivions plus que pour eux". Ils se donnent dans leur travail, généreux avec les ouvriers(ères) qu'ils emploient,
vivant aussi les aléas des commandes, les moments plus arides ou, à l'inverse, de surcharge. Le travail est l'occasion
d'un don: le Seigneur invite Zélie à ne rien garder "pour elle": tout son temps doit être donné. Au début, elle pense
que tout dépend d'elle –"je m'en suis rendue malade" écrit-elle–, et puis elle abandonne chaque jour un peu plus ses
affaires entre les mains de Dieu: "je me dis que le Bon Dieu le permet comme ça, et puis je n'y pense plus".
Louis et Zélie ont été profondément éprouvés: la perte de plusieurs enfants en bas âge, la perte des parents, les
souffrances de la guerre de 1870.
Vivant de telles épreuves, ils ont su être pleins de compassion pour des amis, des proches ("Louis a été très sensible
à ta peine et en parle sans cesse"), avant que la maladie leur fasse vivre eux aussi leur chemin de croix, mais –
comme l'écrit Zélie–, "le Bon Dieu veut que je me repose ailleurs que sur la terre".
Que ces quelques lignes suscitent notre désir de mieux les connaître, mais surtout de trouver en eux désormais des
intercesseurs en bonne place auprès de Dieu.

                                                                                                       P. Yann POINTEL