PAROISSE SAINT ANTOINE DE PADOUE

PAROISSE SAINT ANTOINE DE PADOUE


                                                         FIDELITE ET CONSTANCE



Quand on part pour une randonnée, deux moments sont particulièrement exaltants: le départ et l'arrivée. Le départ, parce qu'on est plein de projets, on a les yeux et le cœur ouverts, on est disponible à toutes les surprises à rencontrer sur le chemin, on est plein d'enthousiasme, et la perspective de parcourir de nombreux kilomètres n'effraie pas parce que la fatigue n'est pas encore présente dans les souliers. L'arrivée est exaltante aussi, parce qu'on est heureux de pouvoir retrouver le repos; on recueille tout ce qu'on a vécu au cours du périple; on a déjà des histoires à partager et à raconter. Entre les deux, sur le chemin, il y a de belles découvertes, de belles rencontres, mais la plupart du temps, il faut enchaîner les kilomètres avec régularité et constance: "1km à pied, ça use, ça use" chantent les scouts pour se donner du courage. Il en est ainsi pour le chemin du carême: on l'aborde avec enthousiasme; la perspective de durer dans quelques résolutions n'effraie pas au début, parce qu'on n'a pas encore enduré "le poids du jour et de la chaleur". Mais, au milieu du parcours vient le plus compliqué: il faut tenir dans les bonnes résolutions !

Fidélité et constance, c'est l'enjeu de 40 jours de chemin.

Mais, alors que pour une randonnée, il n'y a pas moyen de quitter la route –sous peine de rallonger encore plus la distance jusqu'à l'arrivée–, dans les 40 jours du carême, une sortie de piste est vite faite: un morceau de chocolat posé sur une table, et on prend facilement la tangente; un bon film à la télé ou un bon match de l'OM, et on oublie rapidement la résolution de prendre un temps de prière tous les soirs; une discussion un peu passionnée, et on dérape sur quelques poussées d'orgueil qu'on s'était promis de refreiner… mais rappelons-nous que, si on veut porter quelques fruits, il faut durer.

Un autre piège de la distance, bien connu des randonneurs, est le piège des ampoules: une chaussure mal ajustée, un pied qui frotte sur une couture, et vite, la marche est paralysée. Les ampoules spirituelles, ce sont les résolutions un peu trop compliquées à tenir, irréalistes ou impossibles à mettre en pratique. Si on veut tenir sur le long terme, mieux vaut choisir seulement un point et essayer de s'y tenir.

La troisième difficulté est le poids du sac à dos. Peut-être qu'il y a certaines choses à laisser dans le sacrement de réconciliation ? Peut-être qu'il y a d'autres choses qu'il faut mettre à la poubelle pour pouvoir vivre plus librement la charité ? Peut-être enfin qu'il y a des choses à accepter avec courage et patience.

Ce chemin de carême est à l'image de notre vie: il est fait pour beaucoup de fidélité et de constance, mais à l'arrivée, brille la lumière de la résurrection.

                                                                                                                                                   P. Yann POINTEL