PAROISSE SAINT ANTOINE DE PADOUE

PAROISSE SAINT ANTOINE DE PADOUE




                                                 L'ARBRE ET LE RUISSEAU

Le premier des 153 psaumes de la Bible commence par une sorte de maxime de sagesse: "Heureux est l'homme qui (…) se plaît dans la loi du Seigneur (…) ! Il est comme un arbre planté près d'un ruisseau, qui donne du fruit en son temps, et jamais son feuillage ne meurt" (Ps 1,1-3). Que cette image biblique nous inspire pour bien appréhender la nouvelle année 2016 qui s'ouvre devant nous:
L'arbre a le côté des feuilles, le côté qui se voit, le côté qui est exposé aux événements extérieurs, le côté qui est tantôt éclairé et réchauffé par le soleil, et tantôt plongé en pleine nuit, le côté qui doit subir l'assaut du vent, de la pluie, de la tempête. Mais l'arbre a aussi le côté des racines, le côté qui ne se voit pas, le côté qui est intérieur et qui va puiser sa vitalité à une autre source: une source d'eau profonde qui n'est pas affectée par les aléas du temps, une source qui saura le rafraichir en été, une source qui lui donnera sa vitalité et son dynamisme en temps normal, une source qui l'aidera à patienter dans les moments arides.
Entre les racines et les feuilles, un même arbre… une même personne, unifiée entre sa vie intérieure et tous les événements extérieurs, toutes les humeurs, tous les sentiments qui vont et viennent. La vie intérieure est le lieu de la rencontre avec Dieu, avec sa Parole, une Parole parfois en décalage avec ce qu'on est en train de vivre sur le moment, mais une Parole qui nous nourrit d'une autre manière que les actes de la vie quotidienne. Une même personne puise dans la prière, dans le silence, dans l'écoute de cette Parole éternelle un amour, une sagesse… qui lui donneront son équilibre, sa stabilité, son cap dans la vie de tous les jours, et cette même personne est confrontée au quotidien à la variété des situations et des événements. Entre les racines et les feuilles, des échanges: la sève monte et descend de l'un à l'autre. Un événement arrive, mais si on le fait descendre au niveau de la prière, des paroles profondes viennent l'éclairer: "je suis avec vous tous les jours jusqu'à la fin du monde"; "personne ne peut rien arracher de la main du Père"; "homme de peu de foi, pourquoi as-tu douté?"; "ayez courage, j'ai vaincu le monde"; "si vous aimez ceux qui vous aiment, que faites-vous d'extraordinaire?"; "cette espèce de démon, on ne peut la chasser que par la prière et le jeûne"; "comme je vous ai aimés, aimez"… et le même événement qui descend ainsi au contact de la prière devient occasion de faire un acte de foi, de faire un acte de confiance, de prendre une initiative pour apporter une goutte d'amour et de paix dans le monde, de prier peut-être devant la difficulté d'une situation. A l'inverse, la sève peut monter de l'intérieur jusqu'au dehors lorsqu'on entend Jésus dire: "Suis-moi", "toi, va proclamer le règne de Dieu", "la lumière n'est pas faite pour être mise sous le boisseau, mais sur le lampadaire"; "celui qui a bâti sur le roc est celui qui met en pratique", "va, et toi aussi, fais de même [que le bon Samaritain envers son prochain]" et la prière se transforme en engagement, en résolutions, en actes.
2016 arrive avec ses inconnues, et déjà un peu d'agitation. Mais l'agitation, c'est la surface. Serons-nous ceux qui accueillent les événements en les faisant descendre au niveau de la source ou resterons-nous au niveau des feuilles ? 2016 ne sera riche, 2016 ne sera féconde que si nous savons être comme l'arbre "planté près d'un ruisseau", qui unifie l'intérieur et l'extérieur, qui vit dans le monde, mais puise ses réactions en profondeur, au contact du ruisseau de Dieu.

                                                                                                                 P. Yann POINTEL