PAROISSE SAINT ANTOINE DE PADOUE

PAROISSE SAINT ANTOINE DE PADOUE



                                           MONTRE NOUS TON VISAGE


Tout athlète qui se prépare à une compétition, tout musicien qui se prépare pour un concert, tout artiste qui se prépare pour un spectacle… et même tout étudiant qui se prépare à un examen… chacun oriente son effort ou ses exercices vers le but qu'il recherche. On peut vivre le carême comme une sorte d'ascèse personnelle où on va essayer de "s'améliorer", mais il est important de savoir "en vue de quoi" on veut porter nos efforts, et ce "en vue de quoi" est en fait aller vers plus de communion avec Dieu, plus de communion avec les autres.

L'Eglise a repéré dans sa tradition trois grands axes du carême: la prière, l'aumône et le jeûne. On peut les considérer comme des "en-soi", c'est-à-dire comme des attitudes à adopter quel que soit le but (ie: on ne mange pas de viande le vendredi parce que "c'est comme ça"), mais il est plus intelligent de les pratiquer en regardant vers le fruit qu'on désire de ces efforts. Si c'est pour mieux goûter la présence de Dieu et mieux connaître sa volonté, alors oui, ça vaut la peine de prier. Si c'est pour mieux s'ouvrir avec bonté à celui qui m'est proche comme un frère, alors oui, ça vaut la peine de faire l'aumône. Si c'est pour mieux contrôler les attitudes qui blessent et regretter les offenses, alors oui, ça vaut la peine de jeûner. Ainsi, c'est en regardant vers le Christ qu'on prend conscience de toute une distance entre ce qu'il a fait, ce qu'il nous a dit, et ce qu'on fait, ce qu'on met en pratique. "Seigneur, Montre-nous ton visage"… pour que nous pratiquions le carême que tu désires.

Comme j'ai eu l'occasion de le dire le Mercredi des Cendres, ce carême sera particulier pour nous, parce que nous aurons une occasion privilégiée pour réfléchir à partir d'une image unique: celle du Saint Suaire, dont nous commenterons une reproduction lors d'une conférence, le 29 mars à 14h, après le repas paroissial. Au-delà des réflexions scientifiques et historiques sur l'authenticité de cette pièce d'étoffe et sur son lien avec la personne de Jésus, le Saint Suaire nous renvoie inéluctablement à une réalité qui est celle de la passion: il a souffert tout cela pour moi. Oui, il a souffert tout cela pour moi. Imaginons même que le Saint Suaire ne soit pas quelque chose d'authentique, il y a une réalité qui, elle, est authentique, ce sont les épines, les coups de fouet, les clous, les gouttes de sang, que Jésus a supportés et versés. Quel cœur est à ce point insensible pour ne pas chercher à convertir en lui-même ce qui cause au Christ de telles souffrances ? "Voir" la passion va nous aider dans ce carême à ajuster notre chemin de purification. Puissions-nous aller ainsi résolument vers Pâques… et après Pâques, nous entrerons dans une contemplation plus profonde du Cœur qui a ainsi désiré notre salut et nous renouvellerons la consécration de notre diocèse à ce cœur.
                   
                                                                                                                                                   P. Yann POINTE